Noella en route vers la scène

Il y avait longtemps que je n'avais pas été fière de mon travail. En tant qu'auteure. Il est difficile de réussir ce genre de carrière, et par voie de conséquence, on doute beaucoup de soi. De son "talent". On se dit que, finalement, on n'a sans doute pas le potentiel suffisant et on se laisse aller à l'abandon.

Vendredi 11 octobre, j'ai retrouvé la foi. La pièce que j'ai écrite sur la résistante Noëlla Rouget a dépassé mes espérances en termes d'impact sur le public.

Je n'avais encore jamais assisté à une standing ovation pour un de mes textes. Je n'avais encore jamais reçu autant de compliments de vive voix. J'espérais toucher les spectateurs et faire vibrer en eux le message humaniste transmis par Noëlla. Je n'imaginais pas y parvenir au point de faire monter des larmes.

Une renaissance. L'envie de retrouver la voie du clavier. Merci.
Vidéo du final ci-dessous...

Nous y sommes.

C'est avec un budget de 3000 euros et la ferveur d'une équipe passionnée et dévouée que la Compagnie L'Intemporelle est parvenue à monter l'adaptation de la vie de Noëlla Rouget durant l'été. Qu'on ne vienne pas dire que les intermittents ont la belle vie : c'est cela, la réalité du spectacle vivant. Beaucoup de travail et bien peu de moyens.

Philippe Rolland signe une mise en scène puissante et inventive. Ophélie Herdzik nous gratifie de ses incroyables talents de scénographe. Paul Garnier s'est approprié la régie son et lumière en quatre jours et au pied levé, pour remplacer une déserteuse, avec une maîtrise admirable. Les comédiennes ont vidé leurs tripes dans ce biopic, qui prendra vie pour la première fois le 11 septembre lors d'une représentation générale privée, avant la grande première le 11 octobre au Centre Georges Brassens.

Quelle drôle d'aventure que cette création. Partie d'un regard posé par hasard sur la tranche d'une biographie dans une librairie angevine, de l'envie fulgurante d'une comédienne septuagnéaire d'incarner Noëlla Rouget pour relancer son message humaniste, d'une amitié profonde qui m'a poussée à lui écrire le texte tant attendu... et voilà. Un an et demi plus tard, une oeuvre jaillit de l'ombre et se répand sur la scène, pour ranimer dans nos esprits les douloureux souvenirs de notre Histoire et braquer les projecteurs sur les leçons que nous n'en avons toujours pas tirées.

Le courage, la grandeur d'âme, l'approche philisophique de la Vie et de notre civlisation : telles sont les thématiques de cette aventure au grand coeur. J'ignore quel sera l'impact de ce texte sur le public, nous serons bientôt fixés. Mais ce qui est sûr, c'est qu'il me sera difficile de ne pas être chamboulée par la mise en voix de mon propre texte, dont les mots prendront vie sous l'impulsion d'une équipe unie et dévouée.

Le long chemin qui s'offre à nous s'est ouvert par deux séances de travail les 15 et 18 janvier, au cours desquels les comédiennes se sont livrées à une lecture à voix haute, qui  a permis au metteur-en-scène de se projeter au-delà du texte, d'imaginer sa scénographie, de commencer à lui insuffler la vie.

A l'issue de ces deux séances, il nous est apparu évident que l'apport d'une scénographe et décoratrice serait indispensable. Philippe Rolland souhaite articuler sa mise en scène autour de panneaux modulables, lui permettant de passer d'un appartement à une prison, d'une prison à un camp de concentration, en un claquement de doigt et en situation de jeu. Il tient également à enrichir la scénographie d'images et animations projetées à des moments clefs sur l'un des panneaux mobiles.

(à gauche Marie-Christine Garandeau et Anne-Laure Prono, comédiennes)
( à droite, Philippe Rolland, metteur-en-scène, et moi-même)

Notre équipe technique, déjà composée d'un créateur son et d'un créateur lumière, s'étoffe donc du talent déjà bien éprouvé de la scénographe Ophélie Herdzik, dont la multiplicité des compétences constituera un précieux atout. La compagnie l'Intemporelle ose ici d'une prise de risque non négligeable, car ce décor lui coûtera cher et elle ne dispose pour l'instant d'aucune subvention. Si vous vous sentez le coeur de nous donner un coup de pouce :

HelloAsso

J'espère que ARTCENA, Centre national des arts du cirque, de la rue et du théâtre, auprès duquel j'ai déposé une demande d'aide à la création, acceptera de nous soutenir. Sans son apport, ou celui des collectivités publiques que nous avons contactées, il nous sera difficile de concrétiser ce projet avec ambition et professionnalisme... à moins de recourir à l'emprunt. S'endetter pour créer et travailler, quelle terrible perspective...