Pourquoi je n'ai plus de réseaux sociaux

Le 25/09/2023

Dans Pensées et réflexions

Il fut un temps où je suivais le mouvement. Le flux des octets, le bouillonnant courant du Moi, la frénésie de la communication à tout prix, me semblaient vitaux pour exister davantage et aller chercher de l'attention jusque dans des coeurs inconnus. Il fut un temps où je ne me voyais pas vivre sans, parce que je pensais qu'en dehors de cette marée, ne pouvait subsister que le néant. Mais du moment où j'ai décidé de me retirer et de ne plus me préoccuper de ce que les autres pensaient, ma vie a changé. 

N'avez-vous pas remarqué à quel point les réseaux sociaux ont le pouvoir d'affecter notre humeur ? A quel point nous sommes influencés par la bénédiction ou l'invalidation d'autrui, y compris de personnes que nous ne connaissons nullement, pour porter un jugement sur nos actes, nos pensées, nos émotions ? Les réactions extérieures peuvent tout autant nous galvaniser sans raison valable, que nous abattre sans raison fondée. Elles jouent désormais un rôle de censeur, de jauge de notre amour propre, et nous plaçons en elles autant d'espoirs que de craintes, comme si nous exposer à leurs foudres ou leur affection était devenu un acte hautement social.
Des milliards de personnes s'interpellent et s'invectivent chaque jour, cachées derrière leurs écrans, pensant ainsi exister davantage, exprimant leurs opinions sur tout (et en particulier sur les sujets qu'elles ne maîtrisent pas), dans une liberté débridée et décomplexée, sans penser au sens de leurs mots et encore moins à leur impact. Juges et soldats, elles livrent aussi bien verdicts que combats, en oubliant que la pensée et le verbe sont des dons qu'il faut apprendre à utiliser avec mesure et responsabilité.
Que nous nous trouvions à la place du receveur ou de l'envoyeur, les réseaux sociaux nous piègent et nous mentent. Ils nous font croire que nous avons besoin d'eux pour être, alors que nous ne faisons qu'y paraître. Inconsciemment ou non, nous les laissons nous exploiter et nous nous servons d'eux, pour nous donner de l'importance, du pouvoir, de l'influence, tout en acceptant d'en devenir les esclaves et de nous détourner de qui nous sommes vraiment.
Si vous avez lu Sébastien BOHLER, vous savez pourquoi l'humanité se noie dans ces nouveaux outils du Moi qui n'ont rien à voir avec le Soi, et pourquoi elle risque d'y laisser le peu d'intelligence qui lui reste encore. Si vous n'avez pas lu BOHLER, prenez un peu de recul et demandez-vous sincèrement ce que vous venez chercher sur ces plateformes virtuelles qui ne sont que le reflet déformé et dévoyé de la réalité.

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Du jour où j'ai décidé de supprimer tous mes comptes (sauf LinkedIn, parce qu'il m'apporte un réel plus en termes de réseau professionnel), j'ai eu la sensation de sortir de la caverne de Platon. Libérée du mirage et délestée d'un poids qui n'existait même pas. Délaisser les réseaux sociaux, c'est se réancrer dans le vrai, le concret et le présent. C'est se détourner de son ego, tout en recommençant à réfléchir par soi-même et non plus à travers les autres. C'est resserrer les liens avec le petit cercle de personnes chères qui gravitent autour de nous, plutôt que de bavarder avec des centaines de corps stellaires situées à des années-lumière. J'ai retrouvé du temps, j'ai détruit beaucoup de stress. Plus de notifs, plus de jugement permanent, plus d'assauts ou de sièges à tenir. Une existence recentrée et une humeur apaisée.

Je vous invite à essayer. Vraiment. Une fois que vous aurez redécouvert la vie sans ces bouffeurs d'énergie et ces vendeurs de vent, vous ne pourrez plus vous en passer ;).

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